En 1990, pour acheter ses jeux vidéo, on passait souvent par les publicités de boutiques qu’on trouvait dans les magazines spécialisés (Génération 4, Joystick, Tilt…). C’est ce que je fis pour commander The Secret of Monkey Island pour mon Atari ST. J’étais déjà séduit par les jeux Lucasfilm comme Zak McKracken ou Indiana Jones et la dernière croisade. Alors autant vous dire qu’un point’n click sur le thème des pirates, ça m’emballait complètement. Les jours suivants je n’arrêtais donc pas de guetter le facteur pour enfin avoir entre les mains la plus belle big box du jeu vidéo!
Depuis, vous l’aurez compris, je suis un fan de la saga Monkey Island, principalement des deux premiers opus, le premier étant mon jeu vidéo préféré de tous les temps.
Alors, quand on a appris il y a plusieurs mois que Ron Gilbert, le créateur des deux premiers épisodes avait enfin la possibilité de réaliser sa propre suite, c’était une nouvelle incroyable pour les fans.
Sobrement intitulé Return to Monkey Island, le jeu est sorti en début de mois sur PC et Nintendo Switch. C’est cette dernière version que j’ai donc testée avec un bonheur non dissimulé et une certaine émotion. Déjà, je vous le dis d’emblée, je n’ai pas été déçu par ce nouvel opus. La nouvelle direction artistique fonctionne à merveille et le titre est une parfaite suite à Monkey Island 2 LeChuck’s revenge avec tout un tas de liens avec les premiers épisodes.
Pour info, si le jeu appartient donc à la firme Lucasfilm Games, il a été édité par Devolver Digital et réalisé par Ron Gilbert bien sûr et Terrible Toybox (Thimbleweed Park).
Quand on est fan de la première heure on est très attaché à l’esprit pixel art de l’époque. Personnellement je n’avais pas vraiment adhéré à la refonte graphique des Special Edition en 2009 (heureusement on pouvait basculer en mode original…). Ici, même si on s’attend à une suite direct de MI2 sorti en 1991 et qu’on a vu il y a peu de temps un Thimbleweek Park parfaitement pixellisé, on est dans un esprit graphique différent, assez cartoon mais tout en finesse. Et ça fonctionne! On est habitué depuis le début à voir notre « héros » Guybrush Threepwood dans différentes apparences graphiques avec The Curse of Monkey Island très dessin animé ou encore Escape from Monkey Island où il était carrément en 3D!
Concernant l’histoire, c’est très difficile d’en parler sans spoiler et autant vous dire que je ne peux que vous conseiller vivement de jouer aux deux premiers épisodes (The Secret of Monkey Island et Monkey Island 2 LeChuck’s Revenge) avant de vous lancer dans Return to Monkey Island. Il me semble difficile d’apprécier à sa juste valeur ce nouvel épisode sans connaitre les débuts de la saga.
Car quand on la connait, on replonge dans les années 90 avec ces souvenirs de jeu incroyables. Ron Gilbert est très fort pour cela et il distille dans RTMI tout un tas de références aux anciens opus (et pas que les 2 premiers d’ailleurs…). Déjà, le jeu débute comme le tout premier, en haut de la montagne qui domine Mêlée Island et on arrive sur les quais, comme à l’époque, pour entrer dans le fameux Scumm Bar. L’aventure commence et elle nous permet dans un premier temps de recroiser d’anciennes connaissances comme Otis, Stan, Elaine… dans des lieux que les fans connaissent par cœur. Un vrai pèlerinage!
Mais même si Ron Gilbert joue avec nos émotions il n’en oublie pas le fait de nous faire revivre une toute nouvelle aventure avec son lot d’innovation dans la manière de jouer. Exit les listes de verbes en bas de l’écran, ici tout est très intuitif. On a joué sur Nintendo Switch, à la manette donc et c’est très confortable. On bouge le curseur à travers l’image pour trouver les interactions possibles. On nous propose alors diverses actions dédiées (prendre, regarder…). L’inventaire lui aussi est accessible facilement d’une simple touche et on pourra aisément combiner les objets entre eux ou avec un élément de l’image en les déplaçant avec le stick. Simple efficace et de plus aucune pollution visuelle, tout étant fait pour avoir le plus souvent possible une action qui prend toute sa place dans l’écran.
Si vous connaissez bien les point’n click vous savez bien qu’on y trouve toujours beaucoup de dialogues. Et dans un Monkey Island, c’est une partie importante et indispensable. On retrouve l’humour d’antan avec des choix de réponses toujours aussi farfelues, des personnages toujours très bavards avec des personnalités fortes et un humour toujours décalé. Un vrai régal. Mais quoiqu’il en soit, le jeu reste rythmé et on ne sera pas lassé par ces conversations. Aussi, les déplacements sont très rapides, même d’une île à l’autre.
Oui, bien sûr, vous ne resterez pas sur Mêlée Island et oui bien sûr, vous irez sur Monkey Island… mais pas que. On découvre avec bonheur de nouvelles îles, de nouveaux lieux, de nouveaux personnages. Les énigmes qu’on nous propose nous obligent à faire de nombreux allers et retours sans que ce soit pesant. D’ailleurs ces énigmes même si elles sont parfois difficiles, restent toujours logiques. Vous pourrez d’ailleurs choisir votre mode de difficulté au début du jeu, mais je vous conseille de prendre le plus difficile pour une expérience plus complète.
Dans tous les cas, Guybrush a dans son inventaire un livre d’aides. On peut donc à tout moment demander un indice, puis un autre, puis un autre… c’est évidemment très tentant mais l’idéal est de ne pas s’en servir bien évidemment.
Autre nouveauté amusante. Dans le jeu, dans différents lieux on trouvera, cachées, des cartes « trivia » qui une fois dans votre collection, vous permettrons de répondre à un quiz basé sur la saga Monkey Island. Là aussi c’est assez pointu. Si vous répondez bon vous gardez la carte, sinon elle disparait et il faudra la retrouver dans le jeu.
Difficile de vous en dire plus sur l’histoire de ce Return to Monkey Island. Bien sûr, la fin est mémorable, mais le cheminement aussi. Entre humour et émotion (forcément), le jeu n’est pas avare également en action avec une mise en scène aux petits oignons et des personnages incroyables. Tout fonctionne et c’est un vrai régal. Même si on ne l’attendait plus, cet opus est une bénédiction pour les fans qui ne sauront jamais remercier suffisamment Ron Gilbert pour cela!