Attention coup de cœur! Et il vient tout droit d’un studio français, Asobo, basé à Bordeaux (ils ont notamment travaillé sur The Crew 2 ou Quantum Break par exemple). Leur jeu s’appelle A Plague Tale : Innocence, on en a entendu parler il y a 2 ans déjà avec son concept d’infiltration sombre où les rats dominent en masse… Le jeu est enfin disponible et on peut dire que c’est une belle surprise et une chouette réussite…
En plein moyen-âge (1348), on incarne Amicia, une jeune fille de bonne famille qui va devoir prendre soin de son petit frère Hugo, atteint d’une mystérieuse maladie, à travers un royaume de France en proie à une étrange et redoutable peste noire… Les rats son en sur-nombre un peu partout et son au cœur du gameplay. Mais on croisera aussi des hommes mal-attentionnés, décidés à retrouver Hugo, sans qu’Amicia sache pourquoi…
On évolue donc en duo dans la quasi-totalité de l’aventure qui est en fait une fuite continuelle. On est en effet recherché et on cherche aussi à se libérer de cette ambiance morbide et malsaine… Le gameplay oscille entre exploration, réflexion et infiltration. En effet, même si Amicia manie la fronde comme personne, elle s’en servira pour diverses choses mais rarement en combat rapproché. Le but étant de rester toujours discret on privilégiera le tir de loin ou le piège. Par exemple, tirer sur la torche d’un soldat et, sans lumière, il se fera attaquer (puis dévorer) par une horde de rat. Ou bien on pourra aussi viser la tête pour un résultat immédiat. Mais au fil de l’aventure, on obtiendra, par des PNJ, de nouvelles capacités. Ainsi, on pourra endormir un garde par surprise, faire dissoudre un casque pour pouvoir ensuite décocher une pierre à la tête de l’ennemi, etc..
Mais la première menace reste le fameux rongeur. Asobo a réussi à mettre en place une technologie pour le moins efficace qui permet d’avoir à l’écran des centaines (des milliers?) de rats qui évolue en groupe de manière très réaliste. Ils restent dans l’ombre, craignent le feu ou la lumière forte, et il faudra jouer avec ça pour les éviter. On doit donc trouver des torches enflammées (mais qui ne le restent pas longtemps), rejoindre des foyers et autres zones éclairées, etc.. La réflexion très présente dans le jeu, impliquera d’enflammer à distance certaines braises pour créer des points lumineux, etc.. Et tout cela avec notre fameuse et indispensable fronde. Autre que la lumière, un cadavre pourra aussi permettre de détourner l’attention des rats pour passer rapidement derrière eux…
D’ailleurs, on passe beaucoup de temps à se cacher des rats ou des soldats. Pour ces derniers, on aura souvent l’occasion de se cacher dans les herbes hautes ou derrière un mur ou une palissade. Au-dessus des ennemis, on a un témoin coloré qui passe du blanc au rouge quand on commence à attirer l’attention. Et quand on se fait choper il est quasi impossible de s’en sortir, à moins, à de rares exceptions, d’avoir le temps d’endormir l’opposant, lui décocher une pierre dans le front ou de prendre la fuite…
Il y a très peu d’indications à l’écran et on évolue souvent au son, en fonction de ce que disent les ennemis ou bien notre petit Hugo, toujours de bons conseils. Pour aller plus loin dans l’immersion, un mode sans HUD est disponible pour info.
Dans le jeu, une part de craft est très importante car on doit continuellement ramasser de l’eau, du tissu, du cuir, de la corde, des pierres, etc.. de quoi se ravitailler en projectiles ou objets qui détourne l’attention mais aussi de la matière premières qui permettra de confectionner des produits inflammables, soporifiques, etc.. A certains moments d’ailleurs, on pourra accéder à un établi sur lequel on pourra, selon les matières en notre possession, améliorer nos capacités de stockage, de rapidité ou autres…
A Plage Tale Innocence sait se renouveler tout au long de ses 17 chapitres avec en fil rouge, une intrigue prenante et bien amenée par les dialogues entre personnages en cours de jeu mais aussi les cinématiques. L’ensemble est très prenant et même si le gameplay reste assez dirigiste, on profite d’environnements variés et toujours très beaux à contempler. On passera donc pas des phases de fuite, d’infiltration, de puzzle à résoudre, de combats et tout cela avec une intégration juste dans l’aventure. Un excellent équilibre et un très bon level design. On pourra aussi parfois donner des ordres à certains PNJ qui nous accompagne…
Graphiquement , le jeu (ici testé sur PS4 Pro) est un délice. Non seulement les textures, modélisations et autres effets de lumière et de feu sont très réussis mais la direction artistique est également bluffante. Certains décors s’apparentent à des peintures avec des tons pastels qui donnent au jeu une ambiance particulière parfois poétique.
A Plague Tale Innocence est un jeu d’aventure comme on en voit trop peu. Il sait varier l’expérience de jeu à chaque instant tout en restant sur un axe infiltration assez basique. L’ennui ne vient jamais, ni l’impression de faire toujours la même chose. Et tout cela est servi par une réalisation qui n’a pas à rougir face à certains jeux AAA. Cerise sur le gâteau : l’histoire, prenante, pleine d’émotion sur fond de noirceur viscérale. Bravo Asobo pour ce petit chef d’œuvre qui fait du bien à la production videoludique actuelle!