Legacy of Kain est sans doute l’une des licences les plus appréciées du jeu vidéo. De Blood Omen (1996) à Defiance (2003), la série se vend à près de 3,5 millions d’exemplaires. Elle récolte un solide succès d’estime, aussi bien chez la presse que les joueurs. Ces derniers louent tant son histoire que ses mécaniques innovantes, allant parfois même jusqu’à comparer son écriture à du Shakespeare.
Elle sera malgré tout oubliée pendant près de 20 ans. Avant d’être rachetée par Embracer à Square Enix en 2022 pour plusieurs centaines de milliers de dollars. Sa filiale Aspyr nous propose ici un remaster des titres les plus appréciés : Soul Reaver 1 et 2. Initialement sortis en 1999 et 2001, ils mettent en scène le personnage de Raziel, ancien vampire devenu spectre, en quête de vengeance et de réponses.
Plongeons dans le vif du sujet sans plus attendre : qu’apporte ce remaster ? Et surtout, vaut-il les 30 euros demandés ?
Parlons sans détour des graphismes. Ce remaster remplace les anciens modèles 3d des personnages et propose de nouvelles textures en haute définition, ainsi que des éclairages modernes. Ce qui est particulièrement flagrant sur le premier épisode, qui commençait sérieusement à accuser le coup. Les développeurs ont également eu une idée géniale : il est possible, d’une simple pression du bouton L3, d’alterner entre graphismes originaux et remasterisés. Comme dans la trilogie Tomb Raider. Ce qui permet de constater le gouffre qui sépare les deux versions. Et à quel point les crus 2024 sont sublimés. Les modèles des ennemis sont détaillés au possible, et c’est un plaisir de les redécouvrir en HD. Au joueur maintenant de choisir sa version préférée en fonction du type d’expérience recherchée.
C’est là tout le talent, ou le génie, de ce remaster. Il conserve tout ce qui faisait la singularité des titres originaux. Le gameplay et les animations restent inchangés, pour le meilleur et pour le pire. Certaines animations sont un peu maladroites et la caméra a tendance à partir dans tous les sens. Des défauts symptomatiques d’une époque, mais qui ne gâchent en rien le plaisir de jeu. Il parlera donc aux fans, soucieux de l’authenticité des titres qu’ils ont aimés il y a 20 ans. Sa nouvelle enveloppe pourra également séduire de nouveaux venus en quête de quelque chose d’un peu différent des standards actuels. Il faut dire que pour les 30 euros demandés, on a deux épisodes complets et une solide durée de vie. Mais aussi une très bonne histoire et une narration impeccable, avec des doublages et une musique de qualité. Sans compter sur les bonus disponibles dans le menu : artworks, OST et cut content. Une lettre d’amour à la licence et aux fans.
Soul Reaver c’est avant tout l’histoire de Raziel, fils de Kain, souverain vampire de Nosgoth, et protagoniste de Blood Omen. Injustement exécuté par ce dernier, Raziel est ramené à la vie par l’Ancien, une étrange entité cosmique. Il devient donc vampire spectral. Il devra se nourrir des âmes tout au long de ses aventures. Natif de la sphère spectrale, il est capable de se manifester pour un temps limité dans le monde physique.
Sa quête de vengeance va le mener à travers l’espace et le temps dans un monde de dark fantasy comme on n’en fait plus. Un périple riche en fratricides, prophéties douteuses, conspirations et manipulations diverses. Une qualité d’écriture encore rare dans le jeu vidéo du début des années 2000. Et un scénario que l’on doit à l’illustre Amy Hennig (Uncharted).
Si Soul Reaver a autant marqué les esprits, c’est aussi pour son gameplay. Car la série ne propose pas que des combats dynamiques, de la plateforme correcte et des énigmes complexes. Raziel peut entrer instantanément dans le monde spectral, ce qui modifie certains éléments de décor et ouvre de nouvelles routes. C’est aussi là qu’il atterrira lorsque sa forme physique sera vaincue. Il devra alors se nourrir des âmes errantes et repousser les prédateurs fantomatiques qui peuplent ce plan éthéré. Une fois sa jauge revigorée, il n’a plus qu’à trouver un point d’entrée et à reprendre forme physique. C’est original, tout en restant roleplay et immersif.
Mais le premier jeu se démarque encore plus en proposant un héros et des ennemis quasi immortels. Car les vampires dégénérés et monstrueux de Nosgoth régénèrent chaque blessure. Seuls des finishers spéciaux permettent d’en venir à bout. Il faut donc utiliser l’environnement à son avantage ou trouver des armes provisoires pour éliminer ces menaces. Si j’aime beaucoup les deux jeux, je trouve ce premier Soul Reaver plus dépaysant, plus nerveux, plus intrigant et surtout plus original que sa suite. Vous l’aurez sans doute compris, c’est un de mes titres favoris, et cette compilation est l’occasion parfaite pour revisiter un opus que j’estime au plus haut point.
Ce remaster estampillé Legacy of Kain est exemplaire. C’est tout ce qu’on attend. Une expérience à la fois authentique et actualisée qui permet de pleinement profiter des petits bijoux que sont les Soul Reaver. Les textures et les modèles donnent un coup de jeune bienvenu aux classiques de Crystal Dynamics tout en conservant leurs charmes. Les deux titres sont fluides, stables et l’accès aux graphismes originaux et aux divers bonus satisfera les fans les plus exigeants. J’espère de tout coeur que ce produit de qualité annonce le retour de la franchise. Et qu’un nouveau jeu, plus beau, plus ambitieux et aussi bien écrit verra bientôt le jour.
Test réalisé et écrit par Florian