Seule solution face à une horde de démons menaçant l’humanité, vous incarnez Harkyn, grande masse de muscles barbue récemment libérée de prison. Guidé par un vieil homme mystérieux, vous arpenterez moult lieux lugubres et dangereux où la mort vous guette à chaque pas. Lords of the Fallen est un jeu exigeant, difficile, aux antipodes de la majorité des productions vidéoludiques actuelles. Mais que vaut ce jeu développé par les studios allemand et polonais Deck13 et CI Games, fortement inspiré de la série Dark Souls?
L’aventure commence, comme tout jeu de rôle, par la création du personnage, nous permettant de choisir parmi trois styles de magie ainsi qu’une armure de départ, légère, intermédiaire ou lourde. Mais en réalité ce choix de départ n’a rien de définitif. En effet mis à part le choix de la magie, la construction du personnage se fera en cours de partie en allouant à notre gré les points de compétences dans la force, l’agilité, la vitalité, l’endurance, la foi ou la chance. Commencer en armure légère ne nous interdit donc pas de mettre des points en endurance pour finalement porter une armure lourde. Il est ainsi permis de faire évoluer notre personnage comme bon nous semblent en mélangeant les styles. Manier un marteau lourd en armure légère est dans Lord of thé Fallen tout à fait possible.
Le jeu est en vue à la troisième personne, la lourdeur du personnage fait inévitablement penser au jeu Dark souls. Les coups physiques, les esquives, les parades, consomment de l’endurance et si la barre se vide impossible de frapper ou de se protéger. Il faut donc bien penser nos attaques, agir au bon moment et surveiller la moindre faille dans la défense adverse. Il est possible d’effectuer une attaque lente et puissante ou une rapide, mais faisant moins de dégâts. Si l’on choisit un personnage se servant de magie, un gantelet nous permet de lancer des sorts à distance ils consomment quant a eux du mana. C’est d’ailleurs la seule attaque à distance disponible, car Lord of the Fallen a fait l’impasse sur les arcs ou arbalètes.
La mort fait partie intégrante du jeu. Les monstres bien qu’ayant une intelligence artificielle basique peuvent nous tuer très rapidement. On meurt souvent, il faut donc avancer prudemment, retenir la position des ennemis, connaitre leurs attaques et apprendre à bien manier son arme. Si notre personnage meurt, on reprend au dernier point de sauvegarde (sorte de cristaux disséminés sur le chemin), les monstres réapparaissent et l’expérience non dépensée est perdue, mais on peut retourner sur le lieu du drame pour la récupérer. Si on meurt une deuxième fois avant de l’avoir récupérée, tout est définitivement perdu. Garder l’expérience sur soi nous octroie un multiplicateur pour progresser plus vite et un bonus pour trouver des objets rares, mais c’est un pari risqué.
Les premiers pas dans l’univers sont les plus difficiles. Terrasser les monstres demande plusieurs coups et notre armure de base semble bien inefficace. Heureusement de nombreux coffres plus ou moins bien cachés, ainsi que les boss, nous permettent de faire évoluer notre arsenal. Les armes et armures sont nombreuses et gagnent en puissance au fil de l’aventure. Parmi les armes on trouvera entre autres dagues, épées, haches et marteaux correspondants au code de couleur habituel définissant leur rareté (du banal gourdin blanc au marteau légendaire orange) et ayant une caractéristique associée pour pouvoir la manier. Par exemple les dagues demanderont un certain nombre de points en agilité, les haches en force. Grâce aux runes il est possible d’améliorer notre équipement, mais n’espérez pas un système de craft complet, il faudra s’en tenir a mettre des dégâts en plus sur une arme, un peu de résistance sur une armure ou trouver un nouvel effet magique sur le gantelet. Ces runes plus ou moins précieuses se collectent sur les boss ou les monstres normaux en (trop) grande quantité ce qui limite encore plus l’intérêt de ces objets.
La progression du jeu est linéaire, il y a un ordre précis de boss à affronter pour débloquer la suite de l’histoire. Mais les lieux regorgent de raccourcis, passages secrets, détours qui nous permettent un peu d’oublier l’enchainement imposé du scénario et la taille réduite du monde. Au début on se perd un peu, il n’y a pas de carte pour se repérer, mais très vite on prend ses marques et on connait l’environnement par coeur. Les points de sauvegarde sont nombreux et diminuent la difficulté du titre. D’ailleurs cette difficulté ira en ordre décroissant, plus votre personnage deviendra puissant plus il sera facile de progresser. Au final après une dizaine d’heures de jeu on roule sur les ennemis qui paraissent d’un coup bien moins dangereux et le jeu perd alors de son intérêt. Les nombreux boss qui ponctuent l’aventure restent quant à eux de vraies épreuves et il ne sera pas rare de faire demi-tour pour les affronter plus tard avec un peu plus de point en force ou agilité.
Les graphismes du jeu ne font pas vraiment honneur a la nouvelle génération de consoles. On parcourt les environnements qui ne varient pas beaucoup sans leur prêter une réelle attention. Il n’y a pas de cycle jour/nuit et les éclairages en intérieur ne sont pas très travaillés. De plus j’ai pu observer de nombreux ralentissements sur PlayStation 4. Autre point noir, la caméra a tendance à mal se placer lors du ciblage des ennemis. Bien souvent on regrettera de ne pas pouvoir avoir tout de suite une parfaite lisibilité de l’action, cela pourra parfois nous entrainer dans une mort précipitée. L’ambiance sonore est quant à elle assez réussie, la musique colle parfaitement a l’univers et n’est pas trop intrusive. Les râles des monstres, les grincements de l’armure portée, les pas lourds d’ Harkyn et les sons des armes tranchants les monstruosités finissent de nous immerger complètement dans l’aventure.
Pour conclure Lord of the Fallen est un jeu audacieux, prenant, s’adressant aux joueurs en mal de défis, mais trop court. En effet, comptez une quinzaine d’heures pour finir le jeu en ayant trouvé la plupart des armures et valider le peu de quêtes secondaires disponibles. Les différentes fins possibles sont assez anecdotiques compte tenu du peu d’implication du joueur dans le scénario. On peut refaire le jeu en new game + et new game ++, mais l’intérêt est discutable, en effet le jeu est à peine plus difficile dans ces modes. Tout au plus peut-on le refaire si on a raté quelques quêtes secondaires, si on souhaite essayer un nouveau style de magie s’ajoutant au premier choisi, pour faire des choix différents ou récupérer les
dernières armes et armures loupées lors de la première session.
Test réalisé par Alex Debusschere