J’ai enfin pu tester la version complète de
Ninja Gaiden Sigma sur Playstation 3 (merci
Eidos) qui est sorti début juillet. Ninja Gaiden Sigma est en fait la version next-generation du hit paru en 1990, Ninja Gaiden (console Lynx), anciennement Shadow Warriors en 1988 (arcade). Vous l’aurez compris, ce jeu vous permet d’incarner un ninja armé de Katanas et autre Shurikens…
Fer de lance de la Xbox en terme de performances,
Ninja Gaiden éblouissait à l’époque par son design de grande classe et une réalisation en avance sur son temps. Trois ans plus tard, celui qu’on nous présente comme l’ultime version de Ninja Gaiden ne surprend pas autant, mais domine encore le peloton. Vivifiant et coloré, le jeu fait honneur à la PlayStation 3, avec une fluidité rarement prise en défaut, et quelques passages tout simplement sublimes. Le temple en flammes du deuxième chapitre, réalisé spécifiquement pour la console, restera sans doute comme l’un des grands moments de cette nouvelle version, avec des effets de souffle comme on en a rarement vus. C’est surtout en terme d’animations et de modélisation des personnages que cette version gagne en détails et en style, avec une vivacité à nulle autre pareille. Ryû n’a jamais paru plus mortel, et ses ennemis ont visiblement bénéficié d’un soin tout spécifique, surtout ces diables de
Spider Ninjas, qui virevoltent dans tous les sens…
Si
Ninja Gaiden Sigmalaisse globalement une belle impression, de nombreux détails paraissent encore bloqués à la case vieille génération, trahissant un certain manque de finition surprenant à un tel stade. A commencer par les caméras, sans doute le gros point noir du jeu, alors que cette adaptation PS3 était l’occasion de nettoyer un peu les routines. Recentrage ou pas, certaines phases de plates-formes deviennent vite un calvaire à force de caméras en roue libre. La réalisation se signale aussi par un aliasing persistant au sol, et des effets de blur exagérés pour tenter de masquer ce genre de problèmes. Plus globalement, la qualité visuelle déçoit dès que Ryû se pose à Tairon (la ville), ce qui représente quand même la majeure partie du temps de jeu. Les taches de sang suspendues dans le vide comme des canevas, les ombres qui jouent aux fantômes à chaque porte franchie ou bien encore les pieds qui s’enfoncent dans le sol font un peu désordre pour qui réclame une technique absolument irréprochable avant de penser gameplay. Les temps de chargement visibles en plein niveau peuvent aussi surprendre, mais le jeu propose une installation après l’écran-titre pour minimiser ce genre de désagréments.
Ninja Gaiden Sigma ne se contente évidemment pas d’une simple mise à jour graphique. Largement mis en avant durant la promotion du jeu, le principal ajout d’un point de vue ludique concerne l’héroïne Rachel, désormais jouable durant trois chapitres additionnels, intercalés durant l’aventure. Mais malgré des arguments qui ne se déballonnent pour ainsi dire jamais, ses apparitions ne marquent pas vraiment les esprits. Les chapitres, courts, font pièce rapportée, comme s’il suffisait d’enchaîner une longue ligne droite avec quelques arènes fermées et des bioss inédits pour être à la hauteur du reste. A noté la compatibilité Sixaxis, qui permet d’augmenter la puissance d’un sort en secouant la manette dans tous les sens durant l’incantation. Le jeu propose également une cinquantaine de missions dans l’esprit de celle de la démo, souvent plus chaudes que le jeu lui-même, en attendant le contenu à télécharger plus tard. De nouvelles armes font également leur apparition, comme les doubles katanas vraiment efficaces une fois les bons enchaînements assimilés. En fait, sorti des rééquilibrages, des nouveaux ennemis et de quelques ajustements, l’ajout le plus fondamental concerne l’ergonomie du jeu lui-même. Utiliser les élixirs sans avoir besoin de mettre le jeu en pause, uniquement avec la croix, permet d’économiser un temps fou sans hacher le rythme des combats.
Heureusement, dès que l’on s’attache à l’essentiel, le sabre qui coupe et le sang qui tache, Sigma règne sans partage et retrouve son statut de Maître Ninja haut la main. Précis, rapide, technique, varié, subtil, sanglant, jouissif, les qualificatifs semblent inépuisables encore aujourd’hui. Il faut dire qu’entre la demi-douzaine d’armes, les parchemins de techniques, les contres, les esquives, Ryû part en principe assez armé pour faire d’énormes dégâts dans les rangs ennemis. Sigma est toujours aussi galvanisant, long en plus, avec des chapitres qui s’enchaînent sans le moindre temps mort ou presque, des boss qui font honneur à leur rang, une I.A. assez compétente pour toujours opposer un challenge. Bref, un jeu d’action qui mérite d’être découvert.