Mustapha Bismi est ingénieur multimédia, il travaille et a travaillé sur de grosses productions de jeux video comme Heavenly Sword ou Heavy Rain. Il a accordé une interview à « Insertcoin » et nous explique sont travail.
InsertCoin : Bonjour Mustapha, tu est ingénieur multimédia… vaste qualification… peux-tu expliquer plus précisément ton travail?
Mustapha Bismi : Techniquement, je suis un programmeur. Mon travail consiste à analyser, concevoir, implémenter, documenter et maintenir certains composants des moteurs de jeux. En principe, je suis spécialisé en physique et en animation, mais les besoins de polyvalence m’amène souvent à écrire du code gameplay (fréquemment) ou outils (rarement).
IC : Quel est ton rôle dans la création d’un jeu concrètement?
MB : Concrètement, je défini les besoins techniques en concordance avec le game design. J’implémente ensuite le code et les systèmes qui ont été validés, et je m’assure que ce code s’insère dans le pipeline et le framework de production. Enfin, je vérifie avec les scripteurs, animateurs et autres artistes qu’ils ont tous les outils nécessaires pour produire le jeu, quitte à mettre la main à la pâte pour comprendre leurs besoins.
Evidemment, c’est une vision quelque peu idyllique des choses. Un jeu est un produit « vivant » qui évolue tout au long de la production. Le code accompagne ces évolutions, validant les nouveaux besoins exprimés par les artistes.
IC : Quel est rapidement ton cursus?
MB : En deux mots, j’ai une formation universitaire classique, un Deug de maths, une licence et une maîtrise en informatique générale, et un DESS (Bac+5) en informatique multimédia (traitement de l’image, 3D, et son).
IC : Sur quelles grosses productions tu as déjà travaillé?
MB : Tout dépend bien sur de la définition que tu donnes à la notion de grosses productions. Mais en terme de AAA, j’ai participé à l’heure actuelle à deux jeux majeurs, Heavenly Sword, et actuellement, Heavy Rain.
IC : Heavy Rain est-il ton plus gros challenge?
MB : Oui ^_^
IC : Avec l’arrivée des consoles Next-Generation et de la surpuissance des PC, est-ce que cela influe sur ton travail?
MB : Chaque nouvelle génération représente évidemment un nouveau challenge, et ce pas qu’en terme technique. L’évolution des game design, la gestion des équipes de plus en plus grande, l’incertitude d’un marché qui n’a pas encore désigné de console majeur, c’est chacun des aspects de l’industrie qui se trouve remis en question en permanence.
En tant que programmeur, je ne peux que me réjouir de chacune de ces avancées techniques. D’un autre coté, je dois en permanence trouver un compromis entre l’élégance d’une solution technique, l’envie d’impressionner, et les contraintes bien réelles économiques et de productions.
IC : Avec quels autres métiers du jeu vidéo es-tu en contact direct?
MB : Je suis en contact direct avec l’équipe de production (artistes, modeleur, animateurs, game designer, scripteur et les autres programmeurs bien sur). Au delà de cette sphère, il y a bien sur d’autres corps de métiers (marketing, commerciaux, ressources humaines…), mais avec lesquelles j’ai des relations ponctuelles, souvent parce que leur travail se situe en amont ou en aval du mien.
IC : Travailles-tu à distance ou sur place chez le développeur?
MB : Je travaille au sein du studio 🙂
IC : Es-tu toi même joueur? Quand tu joues analyses tu la programmation du jeu?
MB : Je suis un vrai gamer, même si j’ai bien sur moins de temps pour jouer que je n’aimerai. J’arrive encore assez bien a suspendre mon sens critique, je ne passe donc pas mon temps a analyser en permanence ce que je vois.
Par contre, il m’arrive d’organiser de vraie séances de décorticage, lors desquelles j’arrête de jouer pour me concentrer sur tel ou tel mécanique ou technique. On apprend aussi comme ça.
IC : A quoi joues-tu et sur quelles plateformes?
MB : En ce moment, je désespère de finir un jour FFXII ^_^. Mais je joue également à d’autres jeux, sur à peu près toutes les plateformes disponibles du moment, de la PS2 à la DS en passant par la X360…
En principe, j’essaie de finir au moins les deux premiers niveaux de tout les AAA du moment. Par contre, je ne joue pas sur PC, je préfère les jeux consoles.
IC : Que conseillerais-tu aux jeunes qui veulent faire ce métier?
MB : D’avoir de la persévérance, de ne pas attendre un emploi pour gagner de l’expérience, et surtout de ne pas hésiter à partir à l’étranger si il n’y en a pas d’emplois en France. L’industrie du jeu fonctionne vraiment à une échelle planétaire, et l’Angleterre, le Canada ou les Etats-Unis recrutent à tour de bras.
De plus, la culture anglo saxonne est prompte à privilégier l’enthousiasme face à l’expérience. Un jeune aura plus d’opportunités là bas, ne serait ce que parce qu’ils sont prêt à vous donner une chance.
IC : Actuellement travailles-tu uniquement sur Heavy Rain? Pour combien de temps encore?
MB : es clauses de confidentialités ne me permettent pas de commenter les éventuelles projets de mon employeur ^_^
IC : J’ai vu sur ton blog que la PS3 te tentais bien? Vas-tu te ruer chez le vendeur dès le 23 mars au matin (comme moi… 😉 ) ?
MB : Pour être honnête, non, je vais attendre un petit peu. J’ai eu la chance de travailler très tôt sur la PS3, je peux donc laisser les autres en profiter un peu. Des que l’approvisionnement sera stable, je m’en procurerai une 🙂
IC : Merci Mustapha et bonne continuation videoludique!
MB : Merci, et de même !