Développeur de la célèbre série Hitman, le studio Io Interactive a décidé de s’attaquer à une toute nouvelle franchise : Kane & Lynch. Ce premier opus Kane & Lynch : Dead Men est directement inspiré des polars cinématographique tels que Reservoir Dogs ou Pulp Fiction. Entre défauts et bonnes idées, Kane & Lynch est en tous cas un titre à part. Voici donc le test effectué sur la version Xbox 360.
Condamnés à mort pour des crimes qu’ils ont jadis commis, Kane et Lynch se retrouvent tous les deux enfermés dans un fourgon de la Police avant d’être sauvés in extremis par un groupe de terroristes, visiblement pas anodins. Secoués par leur accident de la route, nos deux bonshommes vont finalement devoir se faire mutuellement confiance pour espérer sortir du merdier dans lequel ils se trouvent. Le clan des 7, auquel Kane faisait partie avant de filer en taule, a décidé de remettre quelques pendules à l’heure et lui accorde une dernière chance de se racheter, en récupérant le pognon disparu. Accompagné par Lynch, Kane va donc devoir remplir des objectifs précis pour retrouver sa femme et sa fille en bonne santé. S’ensuit alors un voyage aux quatre coins du monde, où nos deux individus vont devoir se lier d’amitié et d’inimitié pour ne pas finir les bras en croix et être placés respectivement dans un cercueil de bois. Voilà pour la petite histoire qui ma foi tient la route.
Dans un style très gangsters nos deux personnages principaux sont de vrais gueles cassés qui ne mâchent pas leur mots et ne font pas dans la finesse avec un vocabulaire bien gras. Ce sont d’ailleurs ces dialogues crus qui participent à l’élaboration d’une certaine atmosphère dans le jeu, et qui lui confère ce cachet si particulier. A cela, il faut ajouter une mise en scène très cinématographique, avec des plans travaillé. Certaines scènes du jeu, comme le braquage de la banque, le duel avec les forces de l’ordre dans les rues de Tokyo et l’entrée dans la boîte de nuit font clairement référence au cinéma. La violence souvent gratuite de Lynch mais justifiée pour son instabilité psychologique fait intégralement partie de Kane & Lynch : Dead Men, qui ne manque pas d’offrir coups de feux et hémoglobine. Pour ça, c’est très fun il faut bien l’avouer.
C’est d’ailleurs comme cela qu’il faut prendre Kane & Lynch : Dead Men, à savoir un polar interactif où le joueur s’engage dans une histoire qui le mènera à la conclusion finale. C’est à la fois un avantage et un inconvénient puisque pour atteindre ce niveau d’exigence dans la narration du scénario, les concepteurs ont du écarter toute idée de liberté de gameplay. C’est un donc un jeu très dirigiste où le joueur est guidé du début jusqu’à la fin, ce qui occasionne une certaine frustration. L’objectif et le point où il faut se rendre apparaissent souvent de manière bien distincte sur le terrain sans grande recherche donc. Pour pallier à ce sentiment de frustration, Io Interactive a eu l’ingénieuse idée de varier au maximum les situations, et chaque mission est une nouvelle découverte. Des grandes autoroutes américaines aux cellules étriquées d’une prison, en passant par les rues de Tokyo, la jungle luxuriante de l’Amérique Latine ou bien encore la descente en rappel d’un building d’une centaine d’étages, Kane & Lynch : Dead Men se renouvèle constamment. Une qualité que d’autres jeux du même acabit ne proposent pas forcément et ça sauve (presque…) ce soft.
Pas moins de 16 missions, découpées chacune par des checkpoints parfois bienvenus, permettent ainsi de ne pas finir le jeu d’une traite. Car, il ne faudra pas compter sur l’intelligence artificielle pour augmenter la difficulté, celle-ci étant très faible. La plupart des ennemis ne feront qu’avancer bêtement vers le front, sans craindre les rafales de balles qu’on leur administre dans le corps. Certains seront même immobiles dans votre visée sans qu’ils s’en aperçoivent… Là aussi, les développeurs ont manqué de justesse en ce qui concerne la localisation des dégâts, pas toujours au top et qui ne fonctionne que lorsqu’elle en a envie, du coup les visées sont laborieuses souvent injustes.
Dans sa construction mais aussi ses mécanismes de base, Kane & Lynch : Dead Men est un vrai jeu à la troisième personne à la manière (sans la qualité) d’un Gears of War ou d’un Mass Effect. En solo, le joueur se cantonne à diriger Kane. Il est possible de se mettre à couvert derrière n’importe quel élément du décor (mur, poutre, voiture et autres) et de tirer à l’aveuglette, mais c’est assez mal gérer et vous vous retrouverez souvent derrière un mur sans que Kane daigne se mettre à couvert : agaçant. Quoiqu’il en soit, Kane & Lynch : Dead Men excelle dans ces moments fort où chaque séquence de gunfight est une poussée d’adrénaline assez plaisante mais on est loin du plaisir procuré par un Gears of War. En restant positif, les sensations sont bien là, surtout quand on parvient à varier ses exécutions, réalisables aussi au corps à corps, mais de manière plutôt limité et avec une jouabilité approximative, avouons-le. En plus du mode solo, le mode multijoueur, baptisé Fragile Alliance consiste à braquer une banque dans un temps imparti. Evidemment, le but est de glaner le maximum d’argent possible pour ensuite aller rejoindre un camion de la Brinks local. A l’instar du mode solo, les joueurs disposent d’un arsenal de taille, mais en cas de mort prématurée, le joueur n’est pas pénalisé immédiatement, dans le sens où il passe de l’autre côté de la Force, dans le camp des flics. Son rôle s’inverse alors et son objectif est de contrer ses ex-camarades de braquage. Si l’idée est intéressante et les parties plutôt endiablées, il faut bien reconnaître qu’un seul mode de jeu est bien trop juste pour faire durer le plaisir des heures durant…
En revanche, côté réalisation, on réside en pleine inégalité. Globalement assez joli (de loin…), avec notamment une modélisation de Kane et Lynch et d’autres personnages tiers d’une qualité acceptable, les graphismes du jeu proposent certains décors inspirés et assez fournis en détails. Malheureusement, les textures sont d’une simplicité affligeante et les couleurs beaucoup trop fades ternissant le résultat graphique. Kane & Lynch : Dead Men est donc capable du meilleur comme du pire, d’autant qu’à cela se rajoutent des bugs de collision assez nombreux et un frame-rate parfois capricieux. Io Interactive a-t-il dû précipiter la sortie du jeu pour ne pas manquer les fêtes de fin d’année ? C’est le sentiment qui se dégage, car ces derniers ont plutôt l’habitude de fignoler au maximum leurs jeux, il suiffit de se reporter à Hitman.
Vrai polar interactif avec ses personnages charismatiques, Kane & Lynch : Dead Men souffre d’abord d’un gros manque de liberté, d’une réalisation inégale et juste en finition, mais aussi d’une jouabilité souvent très rigide, ce qui occasionne une difficulté injuste sur certains passages. En faisant abstraction de ces défauts, le jeu parvient cependant à captiver grâce à une mise en scène réussie et variée mais la déception est grande…
VIDEO DE GAMEPLAY DE KANE & LYNCH